Le 04/08/11, 1:16
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La journée commence par un super petit déjeuner (pain perdu, pan cakes, etc.), de loin le meilleur que j’ai goûté depuis mon arrivée. S’il me plait tant c’est probablement parce qu’il me rappelle le pays. Bref, au niveau de la découverte de la communauté d’accueil, on est une fois de plus loin du compte...
Après le petit déjeuner, le temps étant vraiment peu engageant, Erland, Goyo et moi, nous réfugions dans notre deuxième bureau, notre 4X4, pour partager nos impressions sur ce que nous avons vu du projet jusqu’à présent . Pour ne pas salir la voiture, nous y sommes tous entrés en chaussettes. Mais nous avons sous-estimé les enfants du village qui ne peuvent manquer cette occasion en or de nous jouer un tour en nous cachant nos chaussures à quelques mètres de là.
Après cette petite mésaventure, nous rencontrons la personne qui a réalisé les différents panneaux du salon culturel. Nous parlons de tout et de rien, il nous raconte sa vie et nous donne sa vision du projet. Selon lui, il reste encore pas mal de travail à faire sur la revalorisation de la culture inca. En effet, si dans les villages on abandonne les techniques de construction, les costumes, les valeurs traditionnelles, etc. au profit d’un mode de vie plus occidental, c’est parce que ces traditions sont dévalorisées. Ainsi, s’il en a les moyens, un Péruvien préférera construire sa maison en bêton plutôt qu’en pisé. Cette maison sera moins confortable car le pisé est bien plus adapté aux conditions climatiques locales. Mais c’est tellement mieux vu de se les geler dans une maison en bêton...
Ensuite, nous avons droit à une démonstration de travaux agricoles. La télévision locale a fait le déplacement pour l’occasion. Nous testons quelques outils dont une sorte de bêche. L’équipe TV veut immortaliser le moment... Un petit sourire pour la caméra ? Moi qui me doutais déjà que je devrai souvent jouer la touriste de service sur les supports de promotion de notre projet, voilà que je participe à la pub d’autres initiatives... Si ma tête se retrouve dans de nombreux catalogues de voyages dans les mois qui viennent, je n’aurai qu’à m’en prendre à moi-même.
On nous appelle ensuite à l’entrée du village car le groupe de touristes prévus pour aujourd’hui vient d’arriver. Les habitant les attendent dans leurs habits de fête et les escortent jusqu’à une maison où les visiteurs se verront offrir un maté de bienvenue. Evidemment, tout ce tralala n’a rien à voir avec le quotidien de la communauté de Misminay. Mais cela fait plaisir aux voyageurs... Ce qui semble moins leur faire plaisir, ce sont tous les photographes présents pour la promotion du projet et qui jouent les paparazzis. Personnellement, j’estime que c’est un juste retour des choses. La plupart des touristes mitraillent tout ce qui bouge sans aucune préoccupation pour la dignité des populations locales. Franchement, qui aurait envie de se marier, de divorcer, de voter, de prier, de manger devant des curieux munis de leur appareil photos ? Pauvre petit groupe, il paie pour tous les autres...
Ensuite, nous décidons de grimper au mirador, d’où, parait-il, on a une vue imprenable sur les amphithéâtres de Moray. Encore faut-il ne pas se perdre en route (le chemin n’est pas du tout indiqué). Surtout si la nébulosité s’en mêle... Après de longues minutes de patiente, les nuages se dissipent quelque peu. Nous arrivons à prendre quelques clichés plus ou moins acceptables.
De retour au village, je m’attarde pour prendre quelques dernières photos et laisse les garçons partir en avant. Deux petites filles d’environ six ans en profitent pour m’approcher et me demander des bonbons. Dans un premier temps, je ne comprends pas et fait répéter la petite fille qui me réclame cette fois un peu d’argent. Pour moi, c’est la douche froide. La mendicité est-elle le corolaire inévitable de l’arrivée de voyageurs au sein d’une communauté ? Je sais à quel point le tourisme est un outil de développement à manipuler avec précaution. Mais sur le coup, je me demande vraiment « ce développement doit-il vraiment se faire à n’importe quel prix? »