Petit bonhomme de chemin

Aujourd’hui nous allons marcher de Senca à Huila Huila pour mesurer le temps qu’il faut à un touriste pour parcourir la distance. Cela fait déjà deux jours qu’Erland me dit à quel point je serai fatiguée après cette marche et à quel point il devra ralentir pour s’adapter à mon rythme de touriste non habituée à l’altitude. Evidemment, ce genre de paroles n’a pour seul effet que d’aiguiser mon sens de la compétition. Il va voir ce qu’il va voir. Si je sais courir un semi-marathon, je ne vais pas flancher pendant une marche de 15 km.

Nous faisons notre randonnée en compagnie de Jack. Erland se remet à frimer « passe devant Sophie, je veux que ce soit toi qui fasse la cadence, je vais ralentir pour m’adapter à ton rythme... ». Evidemment, je presse le pas en faisant comme si c’était du tout cuit pour moi. C’est assez stupide puisque l’idée est de mesurer l’allure d’un marcheur de niveau moyen (ce que je suis lorsqu’Erland ne me pousse pas à jouer les athlètes de haut niveau). Mais c’est plus fort que moi. Heureusement, il y a Jack pour rétablir l’équilibre. Il n’a visiblement pas l’habitude de marcher et nous devons ralentir pour l’attendre. Il est au bord de l'asphyxie. J’ai tellement pitié de lui que je lui propose de porter sa bouteille d’eau, puis sa veste. Bref, à mi-chemin, je porte toutes ses affaires en plus des miennes et je continue à progresser bien plus vite que lui. Mais au moins, Erland impute notre lente progression à la condition physique de Jack, pas à la mienne, l’honneur est sauf.