Le 11/09/11, 0:32
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Dur, dur le réveil. Mais bon, une nouvelle journée de diagnostic se pointe à l’horizon. Aujourd’hui, nous allons à Huila Huila puis à CallKiaracay. Du moins c’est ce qui est prévu... A Huila Huila, Elias nous posé un lapin. Entre temps, nous recevons un appel des petits jeunes de Maras qui nous attendent pour la formation. Sauf que, dans leur cas, la formation, c’était hier... Il faut parfois faire preuve de beaucoup de patience.
Comme c’est sur notre chemin, nous décidons de passer de toute façon par Maras. Le Señor Javier a l’estomac dans les talons... Nous nous arrêtons donc pour qu’il puisse prendre son petit déjeuner. Erland et Indira l’accompagnent. Je suis donc la seule à ne pas manger. Prendre un repas complet à 10h du matin ne me tente guère (ici, le petit dej' est un repas comme un autre) mais le Señor Javier insiste lourdement pour que je me joigne au repas. Je refuse, du moins je crois. Les plats arrivent, un, puis deux, puis trois, puis... quatre. « C’est la serveuse qui a dû se tromper » me dit le Señor Javier. Mais oui, la serveuse a bon dos. J’ai compris, je n’échapperai pas à un deuxième petit déjeuner aujourd’hui. Mais, je me rends compte qu’en fin de compte j’avais également faim. Je termine l’assiette en moins de deux.
Nous nous rendons ensuite chez Juan Carlos, notre unique bénéficiaire de CallKiaracay. Son père a été président de la communauté pendant trois mandats consécutifs. Il connait donc relativement bien l’histoire de l’endroit et c’est de bon cœur qu’il nous confie son savoir en la matière.
Au cours de la conversation, il nous fait part du fait qu’il cultive encore quelques variétés de pommes-de-terre natives. C’est un fait assez rare que pour être noté. La grande majorité des agriculteurs ont abandonné ces produits traditionnels au profit de pommes-de-terre « standards » plus grosses, certes, mais moins goûteuses et souvent bourrées de pesticides et d’engrais chimiques. En outre, ces pommes-de-terre natives à la chair bleuâtre présentent des propriétés anti-cancérigènes non-négligeables. Si nous découvrons parmi nos bénéficiaires d’autres producteurs de ce type, nous pourrions leur acheter leurs produits pour les servir aux personnes qui séjournent dans nos infrastructures de Sta Ana et Urubamba. Je suis certaine que cela ferait un tabac. C’est un filon à faire exploiter par l’ECOCAT. Cette découverte est des plus intéressante, nous ne rentrons donc pas bredouilles.
De retour chez moi, je reçois un SMS inattendu. Chris, l’Américain qui nous a accompagnés la veille au concert, m’invite à dîner ce soir. Décidemment, c’est une mode ici... Mais qu’est-ce qu’ils ont tous ? Après quelques hésitations, je décide d’utiliser comme avec Lucho la tactique du café. Un café, cela ne porte pas à conséquence. Par contre, me faire inviter au restaurant me mets dans mes petits souliers. Après tout, je ne suis pas là pour me faire entretenir par des inconnus. En tout cas, avec Chris, une chose est sûre : ce ne doit être mon côté gringa qui doit motiver son initiative.
Nous allons finalement dans un bar à jus. A peine sommes-nous arrivés qu’un petit garçon propose à Chris de lui cirer les chaussures. Chris lui demande son prix et le petit répond que celui-ci est à l’appréciation du client. Le tarif habituel d’un cireur est d’un sole. Une fois le boulot accompli, le petit demande à Chris un jus de papaye. Ce jus, le moins cher de la carte, est à 2.50 soles. Cela me semble un bon deal. Mais Chris préfère donner au petit un billet de 10 soles pour qu’il s’offre ce qu’il veut. Certes, l’offre est généreuse mais elle me laisse perplexe. C’est exactement ce genre de comportement qui est montré du doigt par les critiques du tourisme traditionnel car il encourage la mendicité, détourne les enfants des écoles, déstructure les sociétés d’accueil, fait grimper en flèche l’inflation, entre autres... Et pourtant, je n’ose pas faire part à Chris de mes observations sur son geste. Une fois de plus, je me dis que la question du don est tellement difficile...