Le 04/11/11, 0:31
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Ce vendredi 04 Novembre est un jour placé sous le signe de la mémoire pour certains Péruviens. Souvenir des combats du passé, évocation des nombreux autres qu’il reste à porter pour faire du Pérou une terre de justice. En effet, un petit groupe s’est réuni sur la Plaza des Armas pour commémorer le début de la révolte initiée en 1780 par Tupac Amaru II contre les occupants espagnols. Pour diverses associations de défense des populations indigènes, cet évènement est l’occasion de faire une démonstration de force et de se rappeler au bon souvenir de l’opinion publique.
De mémoire, il est encore question ce soir au ciné-club. Dans le cadre du programme, DocumentaPeru 2011, les organisateurs diffusent le documentaire d’Amanda Sanchez « La Cantuta, en la boca del Diablo ». Ce documentaire suit pas à pas le reporter Edmundo Cruz qui, afin de rédiger un livre sur le cas qui l’a le plus marqué dans sa carrière, revient sur les faits du massacre de la Cantuta.
Il y a presque vingt ans, le 18 juillet 1992, neuf étudiants de l’Université la Cantuta et leur professeur furent assassinés par un escadron de la mort mandaté par les services secrets péruviens. Un groupe d’officiers militaires dénonça anonymement le massacre. Mais, le gouvernement de Fujimori démenti ces allégations en prétendant que les victimes auraient orchestré un faux kidnapping et seraient toujours en vie. Cependant, le 08 juillet 1993, la revue « Si » reçu une carte qui situait précisément l’endroit où étaient enterrées les corps des victimes. Les journalistes se rendirent sur place et prévinrent les autorités de la découverte de restes humains sur le site. S’en suivit une enquête qui prouva que les ossements étaient bien ceux des victimes. En 1994, la Cour militaire fut considérée comme la seule autorité compétente pour juger le cas. Elle condamna 10 des assassins à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison. Ces peines ne furent cependant jamais appliquées en raison de l’adoption en 1995 de la loi sur l’amnistie qui prévoyait la libération de tous les militaires et officiers de police condamnés pour des crimes perpétrés dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme », et plus particulièrement contre les agissements du Sentier Lumineux. Il faudra attendre plus de 10 ans pour que justice soit enfin faite. En effet, c’est notamment sur base du cas de la Cantuta que la Cours Suprême du Pérou put demander l’extradition de Fujimori du Chili. Il fut jugé en 2007 et condamné à 25 ans de prison pour violation des droits de l’homme pendant sa présidence.