Le 07/11/11, 1:40
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Ce matin, je me lève à l’aurore pour boucler mon travail au plus tôt car j’ai à nouveau offert mon aide à l’équipe de the Busking Project.
Puisqu’on ne travaille pas le ventre vide, l’après-midi commence par un petit restaurant en compagnie de Mardy et Gino. Nous rejoignons ensuite Chris et Belle qui mangent sur le pouce sur la Plaza de San Francisco.
C’est à ce moment que Gino se fait littéralement happer par un groupe de collégiennes. Toutes veulent lui mettre le grappin dessus sous prétexte d’un soi-disant devoir en anglais. Il doit écrire ses impressions sur le Pérou dans leur carnet de notes. De loin, on a l’impression d’avoir affaire à une rock star et ses groupies. S’ensuit une séance de photos qui ne semble pas déplaire à Gino. Cela fait-il vraiment partie des consignes du devoir ? Finalement, les demoiselles me demandent également de rédiger un petit texte dans leur cahier et j’ai aussi droit à la petite photo-souvenir. L’excuse n’était peut-être pas aussi fallacieuse qu’elle n’y paraissait de prime abord. Il est toutefois clair que Gino et moi n’exerçons pas le même pouvoir d’attraction. Avec moi, les jeunes filles sont cordiales et sympathiques. Avec le grand Australien, elles sont en extase ou à la limite de l’hystérie.
Après toutes ces émotions, il est grand temps d’aller retrouver Omar et ses amis à San Blas, le point de ralliement de nombreux artistes à Cusco. C’est ainsi que nous rencontrons un virtuose du berimbau, un arc musical dont on joue surtout au Brésil comme principal instrument de la capoeira. Mardy et Gino décident de l’interviewer.
Evidemment, l’apparition de micros et de caméras sur la place en intrigue plus d’un. Pour laisser travailler Mardy et Gino tranquillement, j’essaie de gérer les curieux. C’est ainsi que je fais la connaissance de la plupart des bobos du coin. Ou devrais-je dire « bo » ? En effet, de bourgeois, ils n’ont pas grand-chose. Par contre, ils cultivent à merveille le côté bohême.
Parmi cette foule bigarrée, il y a Sasa, un artisan qui crée des bijoux en macramé. Il souhaite d’ailleurs me faire un petit cadeau et me demande de choisir la pièce qui me plait le plus sur son présentoir. Je lui indique un bracelet vert avec de jolies perles couleur prune. Apparemment, je n’ai pas fait le bon choix et Sasa décide de m’en offrir un autre. Je déchante un peu lorsqu’il me tend deux fils de couleur turquoise reliés entre eux par trois nœuds. Mais il parait que c’est le bracelet de la chance. Alors là, cela change tout... Je dois d’ailleurs faire un vœu lorsque Sasa me l’attache autour du poignet. La drague au bracelet brésilien... Moi qui croyais que cette technique était réservée aux adolescents de quinze ans...
Je fais aussi la connaissance de Flor, une petite fille de 11 ans habillée en costume traditionnel qui, en échange de quelques piécettes, propose aux touristes des photos avec son lama, Pablito. A mes yeux, Flor est la personnification même de la plupart des effets négatifs du tourisme contre lesquels je m’insurge : des pratiques proches de la mendicité, une mise en scène de la culture et de la tradition, la mise au travail des enfants, etc. Mais il y a toujours un écart entre la théorie et la pratique. La petite est particulièrement intelligente et mature pour son âge. Il est très agréable de discuter avec elle. Moi qui, d’habitude, méprise tous ces touristes qui cèdent à la tentation de la photo pittoresque à un Sol, je me surprends à jeter un regard noir à une dame qui s’est permise de prendre un cliché de Flor sans lui donner son pourboire...
Mardy et Gino décident finalement de ranger leur matériel et de profiter de la fin de l’après-midi pour visiter un peu la capitale inca. Je m’improvise donc guide touristique et les emmène au Cristo Blanco pour leur faire admirer le panorama sur la ville.
Un groupe d’étudiants en voyage de promotion à tout bonnement envahi le promontoire où se dresse la statue pour prendre quelques photos souvenirs de Cusco. Beaucoup semblent hésiter entre le traditionnel portrait avec le lama ou une version plus originale avec... Gino... Au final, au grand damne de la propriétaire du camélidé, il résulte que Gino a volé la vedette à l’animal. Tous, ou plutôt toutes, se l’arrachent. On est au bord de la mini émeute.
Il est 17h et le jour commence déjà à baisser. D’après mes renseignements, à cette heure, les employés du boleto turistico ne contrôlent plus les billets d’entrée au parc archéologique de Sacsayhuaman, un des haut-lieux touristiques de la ville. Nous n’allons pas rater cette aubaine... Même si la visite est de courte durée, je suis contente d’enfin pouvoir pénétrer sur le site. En chemin, nous rencontrons deux jeunes enfants qui nous emboitent le pas pour rentrer au centre-ville avec nous. Une fois de plus, Gino à la cote. Les petits Péruviens n’en n’ont que pour lui. Mardy et moi passons clairement au second plan. Mais qu’est-ce qui peut bien expliquer cet engouement ? Serait-ce, par hasard, son bronzage rouge écrevisse qui le rend plus exotique que nous ?
Les gamins nous laissent au Mirador du Templo San Cristobal où nous profitons d’un magnifique coucher de soleil.